Chapitre 9, 1ère partie - Quand le sceau de l'inquisition devient un outil de déprogrammation

 

Ce chapitre est particulier car il donne lieu à un retour dans le temps, à l’époque de mon arrivée dans l’Aude. Ce n’est que maintenant que je parviens enfin à mettre sur papier une expérience qui fut “sacrément déroutante”. C’est le cas de le dire, car cette aventure me permit de changer radicalement de route par rapport à ma vie somnolente du passé.

C’est sur les terres de l’ancien château du Bézu, ayant abrité Templiers et Cathares, que les secousses provoquées par des mémoires d’Inquisition ont permis l’émergence d’une connaissance salvatrice. (Ce chapitre entre d’ailleurs en complémentarité avec L’appel du pays Cathare écrit par Sand & Jenaël1.)

Situé à mi-chemin entre Carcassonne et Perpignan, le château du Bézu surplombe le lieu-dit Al Poulit où je fus accueillie. Il a été construit sur une crête rocheuse située à plus de 800 mètres d’altitude. Sa structure principale a disparu, mais il reste une partie du mur d’enceinte qui s’encastre directement dans la falaise.


J’ai également pu observer l’ancienne chapelle et son autel, ainsi que le départ d’un souterrain évoqué par les historiens.


Du côté sud, la montagne tombe à pic au-dessus de la vallée de Bugarach.

Chargé d’histoires liées aux Templiers et aux Cathares, ce château a vu passer de nombreuses peuplades. Par sa situation stratégique, il permettait de surveiller la grande voie appelée cami Roumieu qui menait à l’Espagne et il servait de refuge aux populations locales qui fuyaient les invasions barbares. De nombreux dignitaires de la religion cathare trouvèrent refuge dans le château du Bézu (ou château d’Albedun), réputé tout aussi imprenable que celui de Peyrepertuse. 

La famille des seigneurs d’Albedun [les propriétaires du château] adoptèrent la foi cathare et, en 1210, Bernard Sermon II abandonna son château à Simon de Montfort [Le seigneur qui mena la croisade contre les Albigeois/Cathares]. Pour un motif bien intriguant, il fut cependant autorisé à rester dans son château. À partir de cet instant, le seigneur d’Albedun adopta une position plus forte. En 1229, il décida de cacher un important "évêque" cathare, Guilhabert de Castres, ainsi qu’un Parfait, Guillaume Hunaud, sur ses terres. En conséquence en 1231, le Roi de France [Philippe le Bel] donna le château d’Albedun à Pierre de Voisins, un croisé français [pourchassant également les Cathares]2.

 

Les Templiers se sont ensuite installés au Bézu en 1285 jusqu’aux persécutions de 1307, laissant derrière eux de nombreuses rumeurs de trésors cachés. Les familles qui se sont succédé dans le château du Bézu ont d’ailleurs à plusieurs reprises été accusées de fabrication de fausse monnaie. 

Le contexte de mes aventures

Tout d’abord, il est important de situer cette expérience dans le contexte de la vie que je menais avant cette période de transition :

 

Deux ans auparavant, j’étais sur le point de signer l’acte notarié pour l’achat d’un terrain en Ardèche avec mon ancien compagnon. Tout était parfaitement en accord avec mes aspirations. La nature était magnifique, donc idéale pour proposer des randonnées accompagnées. Nous avions l’autorisation d’y installer la grande yourte que nous avions construite, une source coulait abondamment et de très vieux châtaigniers produisaient suffisamment pour que je puisse continuer mon activité “crème de marrons”. De plus, un petit bâtiment en bord de route nous permettrait à la fois de créer un fournil, un point de vente et un atelier de musique. Bref, les conditions idéales pour un couple désireux de mettre en place une vie alternative dans cette société décadente.

 

Mais… plus la date de la signature chez le notaire approchait, plus une angoisse inexplicable m’envahissait au point de perdre goût à la création de ce projet. N’arrivant pas à comprendre d’où venait ce malaise et ne parvenant pas à créer une activité viable, je me dévalorisais beaucoup. La situation devenait tellement douloureuse que je partis sur les chemins avec mon sac à dos, en quête d’éclaircissement.

 

Pendant ce périple, la raison de cette angoisse se précisa de jour en jour : j’étais sur le point de m’emprisonner dans une vie qui ne me convenait pas ! Sur le retour, alors que je traversais le département de l’Aude, une puissante sensation m’envahit : dormant dans la nature, je me sentais totalement “accordée” avec cette terre au point où il devint évident que c’était dans cette région que j’avais véritablement envie de m’installer !

 

Je fus alors confrontée à une importante vague émotionnelle, due à la conscientisation de toutes mes croyances qui me sécurisaient et qui n’avaient plus lieu d’être. Je dus notamment constater qu’une croyance, inconsciente jusqu’alors, était cependant bien cristallisée : celle de vivre proche de ma famille pour les soutenir en cas de besoin. Quelques semaines s’étaient à peine écoulées que, décidant de dépasser mes limitations, je quittais l’Ardèche pour emménager dans l’Aude, mais seule ; mon compagnon ayant besoin de se remettre de l’abandon du projet ardéchois me rejoignit seulement six mois plus tard.

 

Finalement, bien installés, nous étions au comble de nos aspirations et rencontres spirituelles, en pleine expansion New Age… Nous participions à toutes les cérémonies pouvant aider la “Pacha Mama” ainsi que l’humanité à “aller mieux” ! Pourtant au bout d’une année d’actives contributions pour que la nouvelle humanité puisse vivre de paix et d’amour, une insatisfaction, dans un premier temps minime, grandissait en moi. Je cherchais toujours ma voie.

 

Se pouvait-il que la “bulle d’amour et de lumière” fût une sorte de “frein”, d’“entrave” à la connaissance, la croissance et la progression ? […] Quand on est enfermé dans un système de croyances, on ne peut VOIR ce qui est RÉELLEMENT en train de se passer de façon OBJECTIVE. On ne met pas “ouvertement” en doute ses observations et ses expériences ; au contraire, on les interprète selon son propre système de croyances, sans laisser de place à d’autres explications. Les choses qui ne collent pas sont soit ignorées, soit écartées3.

 

Mon insatisfaction commençait à dépasser le confort que m’offrait cette sécurité New Age illusoire, et en réponse à mon désir profond de changement, des évènements allaient révéler les choses qui ne collent pas !

L’attraction des mémoires cathares

C’est dans cette période que je fis la connaissance de Sand et Jenaël et mis les pieds pour la première fois sur la face nord de la montagne du Bézu. Je rencontrai aussi Emma, la complice avec laquelle j’allais traverser ces épreuves initiatiques. Avant même de savoir que cette terre fut un haut lieu cathare et templier, j’eus la nette sensation qu’ici une porte s’ouvrait sur une autre réalité, dans laquelle je faisais moi-même partie de ces Bons Hommes et Bonnes Femmes initiés.

 

Bien qu’étant encore des humains porteurs des codes du Service de soi, les Cathares formaient un groupe dépositaire d’une connaissance initiatique. Connaissance qui se pratiquait tout au long de leur vie de manière très active pour parvenir jusqu’au dernier sacrement, le Consolamentum, qui les délivrait de l’emprise du monde de matière. Cet enseignement ésotérique leur permit d’ailleurs de transcender l’illusion de la mort au point d’avoir la force d’affronter les flammes du bûcher en chantant.

 

Certains Cathares et Templiers développèrent donc la capacité de s’émanciper des lois restrictives de l’existence matérielle. Mais étaient-ils pour autant libérés de la prison matricielle du Service de soi ? Apparemment non, puisque l’être que je fus sur cette autre ligne temporelle avait maintenant besoin de parfaire son processus de libération à travers mon incarnation.

 

Toujours est-il qu’aux quatre coins du monde, plusieurs groupes d’initiés partagèrent leurs connaissances, mais de manière secrète. Par exemple, au temps des croisades, les Templiers eurent des liens privilégiés durant une longue période avec les Hashashyns ou Assassins, qui leur firent profiter d’un savoir autant spirituel que matériel. De ces connaissances orientales émergèrent l’aura et la puissance des Templiers si enviées par les occidentaux.

Les soi-disant “assassins” étaient en réalité des ismaéliens. L’ismaelisme est une branche de l’Islam shi’îte. Hassan I Sabbah fut le fondateur de l’ismaelisme réformé d’Alamut (XI° siècle), […] et élabora la doctrine de la Résurrection4.

 

Image ci-dessus : Hassan I Sabbah5

La pratique de l’assassinat :

Leur but dans la vie n’était pas de faire la guerre mais d’étudier. Plutôt que d’utiliser une guerre classique coûteuse en hommes, il était plus adapté de faire tuer par un seul individu les seuls individus qui voulaient leur perte. Et les guerriers qui s’acquittaient de cette tâche le faisaient par esprit de sacrifice […]. Les Templiers jouaient un rôle d’intermédiaires avec le monde musulman. Comme les ismaéliens, ils étaient des guerriers mystiques qui croyaient dans le même Dieu, et combattaient les envahisseurs Mongols. Ils entreprirent de travailler ensemble aux niveaux culturel et religieux : les Templiers apprirent l’usage des chiffres arabes, l’astronomie, etc., et acquirent un niveau d’évolution supérieur à celui de leurs contemporains, d’où l’essor économique de l’Ordre et son indépendance vis-à-vis des autorités6.

 

Donc parallèlement aux nombreuses sectes dominantes qui prenaient le pouvoir tout autour du globe, naquirent plusieurs mouvements ésotériques plus ou moins secrets, qui communiquèrent souvent entre eux malgré des distances parfois importantes. Ils s’échangeaient ainsi des informations favorisant l’étude des lois universelles, donc l’intelligence qui leur permettait de s’émanciper des abus de toutes formes d’autorités extérieures. Il n’est alors pas étonnant que tous ces individus – notamment ceux qualifiés de sorciers et sorcières – furent persécutés sans relâche.

 

Des premières décennies du XVe siècle à l’an 1650, les Européens continentaux exécutèrent entre deux cent mille et cinq cent mille sorciers et sorcières (selon des estimations conservatrices), dont plus de 85 % étaient des femmes (BEN-YEHUDA, 1985)7.

 

L’Église catholique romaine a fait accepter l’usage de méthodes de rétention et d’obtention d’informations des plus cruelles, par la création d’une juridiction spécialisée, l’Inquisition qui avec son tribunal combattait l’hérésie.

 

L’usage de la torture était délicatement appelé “mettre à la question”. Au Languedoc, des vagues successives d’inquisiteurs hautement entraînés, aidés par des informateurs et des tortionnaires et animés par le credo totalitaire de l’Église catholique, armés de manuels détaillés et de registres de “renseignement” toujours plus épais, firent lentement mais sûrement tomber le catharisme dans l’oubli. Des milliers de drames de conscience s’achevèrent dans les oubliettes ou dans des feux noyés de sang8.

 

Les reconnexions karmiques entre nous quatre (Sand, Jenaël, Emma et moi), ainsi qu’avec cette terre où vécurent Cathares, Templiers et sorcières furent vertigineuses. Recontacter les mémoires de la famille intemporelle que nous formions était en train de m’ouvrir à une tout autre vie. Très vite je rencontrai les propriétaires du lieu et fus moi aussi chaleureusement invitée à m’y installer pour cocréer cet espace communautaire.

L’Œuvre au Noir

Mon compagnon de l’époque s’exprimait peu sur la situation et je sentais à nouveau qu’il ne partageait pas mon besoin vital de changement d’orientation. Pour plusieurs raisons, après quatre années de travail et de vie commune, notre couple vola soudainement en éclats. J’en fus extrêmement affectée, et c’est dans un état de grande fragilité intérieure que je pris mes quartiers dans une caravane au Bézu.

 

Mais grâce au travail que nous faisions tous les quatre, un profond changement de conscience s’opérait. Je devenais capable de comprendre que malgré la souffrance, la séparation était un cadeau. Et si j’acceptais de le déballer, je pouvais vivre cette blessure d’abandon qui surgissait une énième fois dans ma vie, mais de manière TOTALEMENT différente ! Me responsabiliser par rapport à la situation que je venais d’attirer à moi, me permit de sortir de l’état de victimisation qui me collait aux basquettes.

 

Comprenant que j’étais totalement en mesure de conscientiser par moi-même les informations engrammées dans mon ADN, ce fut alors le moment de lâcher les thérapeutes derrière lesquels je me cachais encore. Le processus de guérison des blessures continuait bel et bien, mais puisque je comprenais à présent que celles-ci revenaient de manière répétitive à chaque incarnation, il fallait bien que je change de plan d’observation et d’action ; la multidimensionnalité de mon existence devenait ainsi de plus en plus palpable. Il était maintenant évident que ce n’était pas un thérapeute qui allait m’extraire de cette prison karmique, mais plutôt une réelle synergie avec des personnes qui œuvraient aussi pour leur propre libération.

 

Vous ne réalisez pas votre propre situation. Vous êtes en prison. Tout ce que vous pouvez désirer, si vous êtes sensé, c’est de vous évader. Mais comment s’évade-t-on ? Il faut percer les murailles, creuser un tunnel. Un homme seul ne peut rien faire. Mais supposez qu’ils soient dix ou vingt, et qu’ils travaillent à tour de rôle : en s’assistant les uns les autres, ils peuvent achever le tunnel et s’évader.

 

En outre, personne ne peut s’échapper de la prison sans l’aide de ceux qui se sont déjà échappés. Eux seuls peuvent dire de quelle façon l’évasion est praticable et faire parvenir aux captifs les outils, les limes, tout ce qui leur est nécessaire. Mais un prisonnier isolé ne peut pas trouver ces hommes libres ni entrer en contact avec eux. Une organisation est nécessaire. Rien ne saurait être achevé sans organisation.

 

[…] chaque prisonnier peut un jour rencontrer sa chance d’évasion, à condition toutefois qu’il sache se rendre compte qu’il est en prison9.

 

Depuis que ce processus était entamé, je pouvais comprendre ce que l’Œuvre au Noir signifiait pour un humain en pleine transformation : cette première étape de l’alchimie se caractérise par le décharnement, la déstructuration, le démantèlement de la matière. Certains chamans appellent ce processus “la Nuit Noire de l’âme”.

 

L’habitat précaire dans lequel je fus accueillie reflétait parfaitement mon état de démantèlement et de délabrement intérieur, mais aussi l’obscurité du tunnel.

 

Pour accéder à la caravane, il y avait un seul chemin, très raide et boueux, sur lequel il était difficile de ne pas glisser par temps de pluie. En plein hiver, pas de chauffage, pas d’électricité et une fuite au milieu du toit… Derrière la caravane, des hêtres et devant, une rangée de buis. L’obscurité était telle qu’en plein jour je m’éclairais à la bougie. Toutes les conditions étaient réunies pour réaliser l’Œuvre au Noir ! D’autant plus que cette fin d’année 2012 fut extrêmement pluvieuse et que nous vivions sur un versant exposé au nord, avec comme seule compensation, une vue imprenable sur le Mont Bugarach. Ironie du sort, c’est en cet endroit que je vécus ma fin du monde !

 

De multiples voix dans ma tête m’incitaient à décamper, mais je ne pouvais suivre cette impulsion de fuite à la recherche de confort et de réconfort. Je sentais au plus profond de mon être que cette étape était cruciale pour la libération à laquelle j’aspirais tant. En continuant de m’aligner avec ce ressenti intérieur, j’ouvrais les vannes à mon émotionnel jusqu’à présent étouffé. C’était la phase du prélavage avant l’essorage karmique !

 


 

1. Sand & Jenaël, Les Nouveaux Dialogues avec l’Ange Tome 1, Albiréo Éditions, 2024, pp. 111 à 167 ou sur : https://bienvenussurlanouvelleterre.jimdofree.com/notre-histoire/5-l-appel-du-pays-cathare

 

2. Le site du Projet Beaucéant, article Le Bézu (Albezu ou Albedun)

https://www.templiers.org/bezu.html

 

3. Laura Knight-Jadczyk, L’Onde − Tome 2 : “Hackers” d’âmes, Éditions Pilule Rouge, 2009, p. 331.

 

4. Le site du Projet Beaucéant, article La secte des Nisârites ou des Assassinshttp://www.templiers.org/assassins.php

 

5. Gravure de Hassan-i-Sabah, Wikimédia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Asabah2.jpg

 

6. Le site du Projet Beaucéant, article La secte des Nisârites ou des Assassinshttp://www.templiers.org/assassins.php

 

7. Laura Knight-Jadczyk, L’Onde − Tome 4 : Dans un miroir obscur, Éditions Pilule Rouge, 2012, p. 123.

 

8. Laura Knight-Jadczyk, L’Onde − Tome 4 : Dans un miroir obscur, Éditions Pilule Rouge, 2012, p. 130.

  

9. Ouspensky, Fragments d’un enseignement inconnu, Éditions J’ai Lu</

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