David et moi traversions actuellement une étape décisive. C’est donc en nous armant de courage et d’authenticité que nous vous livrons l’intimité de nos expériences et de nos compréhensions du moment. Aspirant tous deux à déchirer nos voiles d’illusion, les opportunités de tirer leçon de nos expériences ne manquèrent pas !
Hélène explique
Cela faisait quelques mois qu’une forte impulsion me poussait à écrire et partager mes récits, mais ce parcours était semé d’embûches ! La dévalorisation ancrée lors de mon parcours scolaire en faisait partie, néanmoins ce qui me tiraillait le plus était ce besoin irrépressible de réunir les opposés grâce au processus d’écriture à deux. Clairement : être capable de mettre à profit nos complémentarités malgré nos prédateurs qui grincent des dents et tentent de tout faire péter !
Bien qu’aspirant à ce travail en commun, j’avais beaucoup de résistances qui freinaient le processus ! Et à force de m’y heurter, je pouvais de mieux en mieux les identifier : elles étaient déclenchées par mon rejet de la sphère intellectuelle. La dimension émotionnelle et intuitive très, voire trop développée chez moi, me confortait dans la croyance que ces “qualités” me suffisaient amplement pour sentir la justesse de mon processus.
J’ai alors fait un rêve explicite qui me permit de commencer à sortir de cette illusion New Age :
C’était dans le contexte d’une école de parapente. Sophie, une jeune femme que je connaissais, passait juste au-dessus de moi en parapente et me dit “Viens, accroche-toi !”.
Je saisis alors les lanières qui pendaient et m’envolai. Mais je n’étais pas bien arrimée. Je tenais la poignée de direction gauche, mais je n’avais pas réussi à saisir l’autre poignée. Nous devions prendre de l’altitude pour atterrir au sommet d’une montagne en face de nous. Arrivant face à cette montagne, j’eus peur de passer trop haut et de louper la piste d’atterrissage. Alors, malgré les avertissements de Sophie, je cherchai quand même à contrôler la situation en tirant sur la seule commande que j’avais en main. Nous atterrîmes alors brutalement sur le flanc de la montagne, en dessous de la piste !
Mes compréhensions : Sophie liée à l’archétype “Sophia”, la “Sagesse”, me propose de m’élever. J’accepte, mais je n’ai en main que la commande gauche, celle du côté intuitif et émotionnel. Je ne possède aucun lien solide me permettant d’interagir avec le côté droit, symbolisant le mental et l’intellect. Je suis complètement déséquilibrée et lorsque mes peurs de l’inconnu me rattrapent, évidemment je m’accroche, malgré les avertissements de la “Sagesse”, à ce qui est disponible pour mon ego. Ainsi, ma sensibilité et mon émotionnel, sans le rééquilibrage mental et pragmatique, me faisaient dévier de ma trajectoire et atterrir avec fracas sous le palier où un atterrissage en douceur aurait été possible !
Puisque l’emprise de mes croyances limitantes m’a été renvoyée avec force par mon entourage et dans mes rêves, j’ai fini par voir ces mécanismes d’autosabotage, jusque-là inconscients, puis ai accepté de m’ouvrir à l’information plus intellectuelle qui étayait et complétait mes ressentis.
Du côté de David aussi, la prédation allait bon train pour détourner cet élan de mise en commun. À force de résister aux signes lui indiquant une nouvelle ouverture par le processus d’écriture, David manifesta cette résistance dans son corps et fut immobilisé durant plusieurs jours avec une terrible douleur à l’épaule.
Ma propre souffrance et mon “menottage” m’étaient renvoyés si violemment par le miroir de David que je fus obligée de les conscientiser profondément. C’était le moment de passer un grand cap dans le déverrouillage des menottes de la matrice : celles de l’attachement et de la culpabilité1 ! Cela donna lieu à un mal-être quotidien, de fortes frictions dans le couple, des pleurs, des insomnies, des hurlements dans la forêt ! Bref, mes plaies de culpabilité, d’attachement et de colère envers le masculin étaient à vif.
Le dépassement de ces programmes d’attachement et de culpabilité se concrétisa dans ma participation active à la mort des petits chats et mon positionnement vis-à-vis de David, en lui exprimant clairement que je décidai de ne plus me laisser hypnotiser par les programmes du passé qui freinaient le partage de l’information. Je ne laisserai pas les peurs étouffer ma quête !
Puisque David eut à son tour le courage de regarder son prédateur dans les yeux, cela eut pour effet de dénouer l’ambiance électrique. De nombreuses prises de conscience émergèrent de cette suite d’évènements, et l’énergie créatrice, jusqu’à présent censurée, put enfin remonter à la surface. Nous nous mîmes ainsi à entamer ce fameux processus d’écriture, et ce texte en est l’inauguration !
Entre-temps, nous avons écrit une réponse à une lectrice Leo2 à propos de la consommation de la viande et la souffrance animale dans les abattoirs. C’est dans ce contexte que nos egos se sont pour la première fois rencontrés sur le terrain de l’écriture. Ils ont de l’humour “là-haut” : nos résistances devaient être “abattues” pour entamer cette nouvelle vie !
Du côté de David
Pendant que j’étais immobilisé, la plupart du temps allongé, sujet à de vives douleurs, je passais par plusieurs phases. Tout d’abord je rationalisais, cherchant à me rassurer : “c’est le signe que j’avais besoin de faire une pause”, pensais-je. Puis je me mis à “écouter” mon corps tout en trouvant une nouvelle explication à ce qui m’arrivait : je m’épurais d’anciens programmes. Je plongeais même parfois dans une forme d’extase. Mais la douleur devenue extrême, les indices et les retours d’Hélène me poussaient à ouvrir les yeux et à solliciter de l’aide pour regarder la situation avec objectivité. Ce que je fis. Surmonter mes énormes résistances à demander de l’aide, fut le début de ma véritable initiation ! En premier lieu, acter dans ce sens était une manière de déconstruire la vision selon laquelle me débrouiller seul et m’enfermer, était de l’autonomie.
La conversation que j’eus avec mes coéquipiers m’aida à voir comment la prédation se jouait de mes blessures pour me piloter.
J’acceptais alors de voir que ma dévalorisation, mon manque de confiance, mes blessures, mon auto-jugement suscitaient chez moi un puissant réflexe de protection et par la suite, un immobilisme m’empêchant d’entreprendre réellement ma propre transformation. Ma peur de l’échange me coupait d’un accès à l’information pouvant conduire à la remise en question de mes fonctionnements. Ma clavicule, très douloureuse elle aussi, m’indiquait étymologiquement qu’en effet mon corps me donnait une clef : bloqué du côté de l’action et du masculin, il me délivrait un message sur mon état émotionnel.
Ce mode de protection transparaissait dans la croyance affichée que mes compréhensions récentes m’avaient fait avancer d’un grand pas vers “l’Éveil”. Je me réfugiais dans une autosatisfaction aveugle. Sournoisement, des intrusions psychiques avaient continué d’appuyer sur les failles que je venais de découvrir chez moi quelque temps auparavant (besoin de reconnaissance, blessure d’injustice, mutisme), car j’invoquais le fait d’avoir réussi à les contacter pour justifier que j’étais bien sur la bonne voie.
Dans la même période, le vol de notre téléphone mobile vint souligner cette coupure avec ma capacité à communiquer. Sur un autre plan, je réalisais qu’une nouvelle fois, ma Supraconscience s’était servie de la prédation psychique pour amener mon ego à un point de rupture et à lâcher.
Dans cette expérience, une des leçons la plus importante pour moi était la suivante : la force du jugement et de l’émotionnel permet aux parts, souvent plus rigides et violentes, d’émerger et de prendre possession de mon corps et de mes pensées. Cette leçon était double, car par ce biais j’avais aussi la possibilité de voir le mécanisme d’emprisonnement, favorisé par l’émergence de ces facettes, et de commencer à les intégrer. Je percevais plus clairement la nécessité de ce processus pour pouvoir me libérer de leur influence ainsi que de celle de la prédation passant par elles.
En l’occurrence, ce contexte dans lequel j’étais sous l’emprise de la dévalorisation et du besoin de reconnaissance, avait fait émerger une part accrochée à son savoir spirituel par orgueil. Cette part, formatée par des couches de mémoires, était imprégnée par les concepts que de nombreuses traditions colportent sur “l’Éveil”. Ces philosophies parlent d’une voie requérant le dépouillement de toute dimension subjective pour atteindre un état de plus grande conscience, où l’individu ne subit plus d’influences perturbatrices. Et pour ce faire, il doit se délester de tous ses attachements, conditionnements et croyances.
Théoriquement c’est juste, mais en pratique ces courants amènent à une autre forme de croyance déresponsabilisant l’individu, en le laissant dans l’illusion qu’en suivant une méthode, il deviendra plus conscient. Et en effet, c’est ce que j’expérimentais puisque mes prises de conscience et la douleur, appréhendées selon un point de vue formaté par ces philosophies, m’avaient fait voir dans mon expérience des similitudes avec le processus éprouvé par les chamans, les moines ou autres initiés. Mais en réalité, c’est en échangeant avec Hélène, Sand et Jenaël que la véritable identification des conditionnements à l’œuvre eut lieu et que j’avançais un peu plus vers le “dépouillement”, en me confrontant cette fois à un autre type de douleur, celle ressentie par mon ego perdant ses repères.
Il était donc crucial pour moi de rester vigilant à toute baisse de discernement pouvant se produire sous l’effet d’une croyance, puisque ce serait le signal d’être attentif à détecter la fréquence de l’entité investissant alors ma psyché. Tout un entraînement… Je m’apercevais en effet que se libérer des programmes involutifs, ou peut-être serait-il plus exact de dire, être moins sous leur emprise, se faisait pas à pas. Ce n’est pas parce que j’avais déjà vu un programme, une part, qu’il n’y aurait pas d’autres étapes à son intégration. Ce qui impliquait de ne pas tomber dans la dévalorisation en voyant réapparaître telle ou telle facette de moi, ni non plus de justifier par ce phénomène mon inertie face à telle ou telle problématique.
L’expérience que je venais de vivre fut donc pour moi l’opportunité de mieux déceler le jeu de mon prédateur. Durant celle-ci, la collaboration avec Hélène continuait malgré les forces qui voulaient nous diviser, cela me fit voir l’importance d’associer nos efforts pour déjouer l’influence des agents de l’involution dans nos psychés. C’est ainsi que ce texte écrit à quatre mains vit le jour.
Apprendre à écouter les parts de moi blessées, à observer mes réactions, me permet d’être plus à même d’écouter l’autre à propos de sujets “sensibles” que nous avons à traiter au quotidien. De cette façon, j’apprends également à prendre du recul lorsque quelque chose fait surface et se manifeste par une tension. Il est évident que cette responsabilisation par rapport à ce qui se passe en moi, est la condition sine qua non pour que je puisse partager mon vécu et mes compréhensions avec l’autre, et qu’ainsi une synergie puisse exister.
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