Chapitre 10, 2ème partie - Bouc émissaire ou émissaire de la source ?

L’être surnaturel qu’est Baphomet n’avait pas fini de m’intriguer… À travers les mystères qu’il cachait, je découvrais des informations riches de sens pour mon cheminement. Une partie de moi – certainement l’initié que je fus à cette époque – se prenait alors au jeu pour décrypter les messages qu’il m’avait laissés. Mais autant ces messages devaient circuler secrètement à l’époque des Templiers et des Cathares, qui jouaient leur vie en refusant d’être endoctrinés par l’Église, autant maintenant il était important que je sorte de la peur de mettre à jour ce que je percevais et comprenais. Fini le secret ! Alors que restait-il encore à “dé-voiler” en cette période de “révélation” ?

Les Templiers furent accusés d’adorer un monstre, une créature obscure à travers laquelle ils auraient caché et codé leur connaissance. En cherchant la signification du mot “monstre”, je découvris qu’étymologiquement, il venait du latin monstrare, qui signifiait montrer, indiquer, avertir, mais aussi de monstrum qui signifie… “avertissement céleste” !!!

 

Représentation du Baphomet dessinée par Éliphas Lévi1

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Autre chose m’interpellait. C’était l’insistance avec laquelle cet archétype exprimait la dualité : un bras (solve) pointant le ciel et l’autre (coagula) pointant la terre, les natures masculine et féminine, l’animal et l’humain, la beauté et la laideur, l’esprit et la matière, la lune blanche et la lune noire… Accueillir les dualités en cette 3e densité pour finalement réunir l’Esprit et la matière, ne serait-ce pas le message essentiel de ce monstre, le message de cet “avertissement céleste” ?

La dualité, un piège pour l’Esprit ?

Mais alors, quelque chose me turlupinait : pourquoi les Cathares étaient-ils décrits comme une communauté religieuse, dont le culte basé sur la dualité prônait la séparation entre l’Esprit et la matière, le bien et le mal ? Je partis donc en quête d’éclaircissements…

 

En parcourant les documents les plus accessibles concernant la doctrine cathare, je me retrouvais face à une affirmation qui me mettait mal à l’aise : les Cathares seraient manichéens et gnostiques, autrement dit, pour eux l’incarnation terrestre était l’œuvre du démon. Tout ce qui concernait la physicalité (y compris leur corps) était l’instrument de la tentation du diable, qu’il fallait rejeter et vaincre par une certaine privation matérielle, alimentaire et sexuelle. Ils pouvaient alors espérer ne plus se réincarner en ce bas monde et accéder au royaume de lumière, le monde divin.

 

La croyance qui veut qu’ils soient des dualistes extrémistes écartait radicalement toute ouverture à l’équilibre et la synergie des dualités. La définition de Wikipédia2 est longue et prétend effectivement qu’une scission entre le bien et le mal marquait le courant de pensée manichéen. Et par conséquent, d’après cette philosophie, il serait impossible que les deux polarités fassent partie du même royaume.

 

Si les Cathares étaient des gnostiques (des chercheurs et “expérienceurs” de la Connaissance originelle), comment se fait-il que ces initiés rejetaient à ce point la réalité matérielle dans laquelle ils étaient incarnés ? La véritable Connaissance intérieure ne consisterait-elle pas – telle que l’illustrent plusieurs archétypes alchimiques dont Baphomet fait partie – à allier les opposés, la matière et l’Esprit ?

Cette version du catharisme décrite comme un manichéisme borné nIMG e collait pas avec mes intuitions. Déjà, la religion manichéenne étant née au IIIe siècle, quasi huit siècles se sont écoulés jusqu’à l’épopée cathare… Cela avait largement laissé le temps aux différentes croyances d’évoluer. Et surtout, j’avais conscience que la définition destinée au grand public contenait une bonne part de désinformation.

C’est alors que je découvris ce texte d’Alexandre Rougé, ayant lui-même analysé les œuvres de différents historiens à propos de la Gnose. Ces lignes confirmaient enfin mon ressenti :

 

La dualité, que les auteurs modernes appellent “dualisme” sans rien y comprendre, est un constat essentiel de la spiritualité cathare (et de la gnose en général). Cela consiste à reconnaître que dans notre monde, tout est dual. Tout est double : tout a un sens et son contraire. Nous vivons dans une série sans fin de dualités : chaleur-froideur, sécheresse-humidité, clarté-obscurité, légèreté-pesanteur, haut-bas, plénitude-vacuité, émission-réception, activité-passivité, bonheur-malheur, joie-peine, etc. L’ascèse, la doctrine — l’exercice pratique de base des gnostiques d’hier et d’aujourd’hui — consiste alors à équilibrer les deux aspects de toute chose et de chaque situation. […] C’est ainsi qu’à travers l’opposition formelle se révèle la complémentarité de fond, et que de la dualité on passe à l’unité. Cela consiste aussi à “faire fructifier l’opposition” (Abellio) et à dégager la positivité réelle de la négativité apparente3. [C’est l’auteure qui souligne.]

 

Le constat est indéniable : l’Inquisition perdure à travers les âges ! Accuser à tort le courant gnostique de maintenir une séparation rigide entre le bien et le mal, répond à la logique de diviser pour mieux régner et pouvoir continuer de détruire ceux qui cheminent vers plus de connaissance.

 

Puis parallèlement, continuant la lecture de L’Univers Organique (un excellent ouvrage de Giuliana Conforto), un domaine en apparence sans rapport – celui de l’astrophysique – vint éclairer mon interrogation sur le rôle de la dualité dans notre monde. Giuliana explique que les lois universelles sont basées sur deux forces principales : la force nucléaire faible (qui pourrait être associée à l’éther, l’Esprit, la libre circulation de l’information, les lois cosmiques) et la force nucléaire forte (pouvant être associée à la physicalité, l’illusion, la rétention d’informations, les lois matricielles).

 

La force nucléaire forte est comme une prison, mais les clés pour l’ouvrir sont dans les mains de l’homme. Les deux forces nucléaires, faible et forte, ne sont pas ennemies entre elles ; elles sont ce que l’homme vit, l’une comme expansion, joie, vie et l’autre comme contraction, répétition, stabilité.

Les deux forces nucléaires peuvent s’unir dans un embrassement éternel. Le “secret” est caché dans le cœur de l’atome, dans le noyau où presque toute la masse est concentrée4. [C’est l’auteure qui souligne.]

 

C’est donc avant tout par ce travail quotidien d’acceptation et d’équilibrage des polarités opposées que la porte de la prison peut réellement s’ouvrir. D’où l’incessante politique de division à tous les niveaux menée par les gardiens de la matrice du Service de soi. Même si les verrous (les programmes SDS) peuvent être actionnés par ces derniers, la prison n’est pas à l’extérieur. Celle que l’on voit autour de nous est seulement le miroir qui nous révèle à quel point notre prison intérieure est imposante ! Et puisque « Le “secret” est caché dans le cœur de l’atome », c’est bien à l’humain que revient la responsabilité de se mettre en action pour se libérer de sa propre prison karmique – le mot “karma” signifiant lui-même “action” ! Et c’est justement sur ce chemin-là que progressaient ces initiés, ces émissaires de la Connaissance…

Boucs émissaires ou émissaires de la Connaissance ?

Après des siècles de mythes, canulars, de propagande et de désinformation sur les deux côtés du spectre, peut-on vraiment répondre à la question initiale posée par cet article : “Qui est Baphomet ?”. Est-ce un symbole de Satan ou une illumination spirituelle ? Est-ce un symbole de bon ou mauvais ? La réponse se trouve dans le symbole lui-même : il est les deux à la fois. Dans la mythologie égyptienne, Toth Hermès était une puissante médiatrice entre le bien et le mal, en s’assurant qu’il n’y avait pas de victoire décisive sur l’autre. Baphomet représente l’accomplissement de cette tâche cosmique sur une très petite échelle, en soi-même5. [C’est l’auteure qui souligne.]

 

Ceux qui ont appliqué ce travail intérieur délivré sous forme de symboles par Baphomet sont devenus de véritables boucs émissaires au sein de leur société. Mais je découvris aussi que le mot “émissaire” signifiait “agent chargé d’une mission secrète” ! Cela donnait un tout autre sens au bouc émissaire. Cet agent chargé d’une mission secrèteˮ, ne s’était-il pas missionné lui-même depuis un autre plan, pour venir faire un travail bien spécifique en cette 3e densité du Service de soi ?

 

Cathares, Cagots, Kaskarots, sorcières, Templiers, Hashashyns furent en partie supprimés par des oppresseurs… mais pas pour toujours ! Telle était leur “mission secrète”. Ces boucs émissaires, qui au fil des millénaires ont fait croître leur potentiel du Service d’autrui, ont permis la diffusion de la Connaissance dans la génétique de leurs “descendants”. Alors actuellement, sur cette ligne temporelle apocalyptique, ces autres moi s’incarnent et agissent à travers mon corps et ma génétique. Et comme Apocalypse rime avec “dévoile-ment”, mon travail consiste à lever le voile sur les mensonges, le mensonge des programmes du Service de soi qui alimentent la division au service de mon inquisition intérieure. Le cheminement est exigeant, ardu… mais pas impossible !



Ne perdez pas courage. Rappelez-vous simplement que si vous faites tout ce que vous pouvez, vous-mêmes dans le future comblerez le fossé6.

 

 

2. Article “Catharisme” de Wikipédia en français. https://fr.wikipedia.org/wiki/Catharisme

 

3. Alexandre Rougé, article “Les Cathares, « amis de Dieu » et de la vérité”, 29/01/2017.

https://web.archive.org/web/20210623114114/https://editionsdulaurier.com/2017/01/29/les-cathares-amis-de-dieu-et-de-la-verite/

 

4. Giuliana Conforto, L’Univers Organique, Éditions Vesica Piscis, 2005, p. 73.

 

5. Ordo Ab Chao, article “Qui est Baphomet ?”, 20/12/2020. https://ordo-ab-chao.fr/baphomet/

 

6. Cassiopaea Forum, transcription “Séance du 4 juillet 2015”, 23/07/2015.

https://cassiopaea.org/forum/threads/seance-du-4-juillet-2015.39102/

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