David écrit :
Ébahi, je constatais la perfection et l’infaillibilité de l’emprise des souverains SDS. Mon prédateur usant de programmes comme la blessure de rejet, l’injustice, la dévalorisation ou encore le besoin de reconnaissance, me barrait la route vers la résolution des mémoires qui y étaient associées. Il m’enfermait dans ses propres réflexes de survie d’une manière implacable. Cet état était entretenu par l’impact aveuglant des émotions non conscientisées. Comme le dit Gurdjieff, nous sommes des automates et nous sommes programmés à fournir notre énergie et notre conscience, en tout cas, le sommes-nous devenus. Je suis bel et bien programmé ; tel est l’état des lieux que je devais tout d’abord accepter pour pouvoir passer le palier qui se présentait à moi.
En écrivant ce texte qui concerne directement ma part prédatrice, l’entité qui tenait absolument à contrer mes prises de conscience et la diffusion de l’information, allait générer de l’irritabilité vis-à-vis d’Hélène, déterrant encore et encore la vieille hache de guerre entre homme et femme, et la culpabilité qui lui était associée.
Elle m’accablait de fatigue ou déviait mon attention vers une tâche administrative alors que nous avions encore deux ou trois semaines pour la gérer. D’autres schémas de fuite s’interposaient : l’envie d’aller me faire une boisson rafraîchissante à maintes reprises ou encore d’effectuer trois promenades dans la journée. J’avais aussi observé la façon dont l’heure du repas obsédait fréquemment mon esprit ; sans compter les différents blocages par rapport à l’écriture, ancrés au cours de la vie et qui sévissaient en toile de fond. Et nous allions encore vérifier au cours de ce texte que la stratégie prédatrice est multidimensionnelle, ce qui la rend terriblement efficace !
Tout était donc prétexte à fuir les émotions qui pouvaient me délivrer leurs informations, donc à fuir la Connaissance vivante. Car sans l’accueil des émotions, c’est le règne de la rationalisation. Il n’y a pas alors de véritable alchimie, mais seulement des connaissances intellectuelles.
J’entrevois chez moi de quelle manière s’est construit ce réflexe d’un intellect m’enfermant dans une tour d’ivoire. Le fait de pouvoir enfin discerner ce cloisonnement est très désagréable. Pourtant mon entourage proche m’y encourage, me rappelant parfois avec fermeté (celle que je dois employer avec les entités qui prennent possession de mon humanité), l’importance d’accueillir mes blessures et de communiquer.
Mais comment faire, par où commencer ?
Un coup de fil dévoilant ma programmation
Alors que je commençais à écrire ce texte, je vécus une expérience très significative qui m’indiquait que je suivais la bonne piste pour pénétrer la forteresse de mes programmes. Bien que je sache qui étaient les individus présents dans le film de ma “réalité”, je comprenais également que ces personnages étaient ceux de ma psyché : un vrai “Truman Show” !
J’eus un échange téléphonique avec Mr L, le propriétaire d’un terrain où nous parquions nos chevaux. Nous n’avions jusqu’alors pas eu besoin d’entrer en contact avec lui, car les personnes qui habitaient près de ce terrain, s’étaient imposées en tant qu’intermédiaires entre lui et nous. D’un côté de l’enclos, il y avait une femme qui vivait seule et de l’autre, un couple de retraités.
Peu à peu nous comprîmes que se jouait une guerre sournoise dont cette parcelle était le support. Derrière les convoitises que manifestaient les humains pour ce territoire physique, se dissimulait la convoitise de la prédation pour notre territoire psychique et cela se traduisait encore une fois par une bataille rangée d’ego.
Suite à notre arrivée, Mme Mo la solitaire et le couple M&M s’étaient brouillés pour divers prétextes. Nous voir plus proches des autres voisins renforçait chez Mme Mo une certaine amertume ; nous allions découvrir qu’elle avait élaboré une petite vengeance à notre égard.
Le propriétaire, Mr L qui n’habitant pas sur place, lui avait confié la gestion de son terrain, ce qui semblait représenter pour elle un pouvoir important. Sans en informer quiconque, elle mena des pourparlers avec d’autres personnes intéressées pour mettre leurs chevaux dans ce parc, qu’elle espérait sans doute avoir dans “son camp”. C’est dans cet imbroglio que le propriétaire apprit que d’autres allaient mettre leurs chevaux chez lui à la place des nôtres ! Il nous appela donc pour y voir plus clair. C’est ainsi que nous apprîmes les manigances de Mme Mo et comprîmes à quel point sa blessure de rejet la manipulait.
Nous avions effectivement eu connaissance de sa jeunesse difficile, lorsqu’un jour elle nous avait confié des passages de sa vie, qui pour certains s’apparentaient à de la torture. Puis un peu plus tard, lors de recherches cadastrales à la mairie, nous nous sommes aperçus que des terrains lui appartenant étaient en fait au nom d’une certaine Fatima. C’est ainsi que nous comprîmes qu’elle cachait sa véritable identité : derrière le nom allemand de son ancien mari, un prénom français et des cheveux qu’elle se lissait régulièrement, se cachait une belle femme qui reniait de toutes ses forces ses origines nord-africaines.
Il était facile, pour nous qui avions connaissance des blessures principales de ces personnes, de voir combien les schémas de Mme Mo résonnaient avec l’attitude de M&M. Quand allais-je accepter de voir ce qu’ils me renvoyaient par effet miroir ?
Mais revenons au coup de téléphone : le propriétaire eut d’abord Hélène au bout du fil, puis désira également me parler. La discussion dura une demi-heure pendant laquelle il répéta inlassablement qu’il ne voulait pas d’histoires… Quand nous raccrochâmes enfin, je n’en pouvais plus ! Je sentais bien qu’il n’était pas quelqu’un à “chercher des histoires”, mais celles-ci s’élaboraient dans sa tête et il se trouvait de ce fait susceptible de les attirer à lui à tout moment.
Tiens, tiens, ça me faisait penser à quelqu’un ! Quand la peur me tenaillait – comme elle tenaillait mon interlocuteur et notre fameux voisinage – elle engendrait rejet et défense. Le fait de la sentir chez lui et qu’elle me dérangeait à ce point-là, m’indiquait qu’elle était bien présente chez moi. Mais tout comme Mme Mo, je cachais cette part blessée derrière un masque de superficialité.
Et ce n’était pas tout ! Mr L nous avait conté comment, alors qu’il habitait encore dans sa petite maison en bas du parc des chevaux et contiguë à celle de M&M, il avait failli mourir écrasé par son portail. Et ceci à l’instar de son frère qui, quelques années auparavant, était resté pendant deux jours un pied coincé dans la cuvette des WC sans que personne ne se soucie de son absence ! Revenant à son accident, il nous avait expliqué comment, écrasé par le portail et le crâne ensanglanté, M&M ne lui avaient pas porté secours…
Étant finalement parvenu à s’en extraire, le lendemain, il avait essayé de démarrer la voiture de son frère, alors en maison de retraite, qui était stationnée depuis très longtemps au même endroit. Au moment du démarrage, elle prit feu ! Selon Mr L, une fois les pompiers sur place, M&M étaient venus voir ce qu’il se passait et avaient dit à leur voisin “Nous t’avons vu hier couvert de sang !”. Ces épreuves avaient poussé les deux frères, au même titre que le voisinage, dans leurs retranchements d’injustice et de rejet, les amenant à vivre leurs infortunes dans la solitude.
Avec toutes ces histoires complètement abracadabrantes, nous étions témoins du mécanisme destructeur des mémoires karmiques rétroactives, elles-mêmes amplifiées par les prédateurs s’immisçant en chacun.
Cette véritable pièce de théâtre me confirmait que si je ne prenais pas connaissance du jeu du prédateur, je ne pouvais le désamorcer en moi et restais inéluctablement le pantin d’une mise en scène très perverse se répétant à l’infini !
Le miroir se dévoilait grâce à l’écriture. À l’image de ces voisins, tellement blessés qu’il leur était difficile de voir à quel point ils étaient les marionnettes de leurs programmes, tant que je ne distinguais pas ceux qui me manipulaient, il m’était impossible de trouver l’issue au cercle infernal de la peur, du rejet et des réactions qu’elles entraînaient.
J’ai repensé à la façon dont chacun d’entre eux s’exprimait. Tous les protagonistes, dont je faisais partie, avaient leur propre langage derrière lequel chacun se barricadait. L’un était caractérisé par l’intellect, l’autre par sa voix tonitruante, l’autre par l’émotionnel, l’autre par un marmonnement frôlant le mutisme. Chacune de ces particularités utilisées par la prédation nous empêchait de réellement communiquer. Ce semblant de communication suscitait encore plus de rancœur en donnant à chacun un prétexte supplémentaire pour justifier son sentiment de rejet le faisant sombrer encore plus dans la défensive, l’agressivité, la dévalorisation, l’enfermement, etc.
Ces interactions me mettaient face aux stratégies utilisées par la prédation tout au long de ma vie au travers de mon comportement. Je devais accepter que j’en sois l’instrument. J’étais l’aimant attracteur à travers lequel la prédation forgeait une réalité à son image et s’en nourrissait.
L’ouverture au féminin
Lorsque j’appris que nos chevaux seraient peut-être mis dehors à cause des manigances de Mme Mo, j’étais en colère contre elle et n’étais donc pas à l’écoute pendant la conversation téléphonique avec Mr L. Puis le fait, après un long échange avec Hélène, qu’il eut quand même besoin de s’entretenir avec moi afin d’avoir “l’homme de la situation” au téléphone, me mit la puce à l’oreille.
J’entrevis ici que chez l’homme, la guerre et la peur actionnent un engrenage qui consiste à rejeter la femme et qui par là même le prive du contact avec sa propre force féminine, l’empêchant de fait d’être dans la véritable énergie masculine équilibrée.
Demander ou accepter l’aide extérieure – en particulier de ma contrepartie féminine – pour me permettre de voir ce qu’il se passait en moi, c’était avant tout sortir des schémas de révolte et de besoin de reconnaissance de l’enfant vis-à-vis de la mère. Grâce à cette prise de conscience, se désamorçait ma rébellion et je devenais capable de recevoir l’information à la fois simple et cruciale d’Hélène.
Mais je devais être très vigilant, car la prédation a de multiples possibilités pour raviver une blessure et la maintenir présente. Travailler sur un aspect, ou sur une ou deux lignes temporelles ne suffit pas. C’est à cette fin que la communication et le travail de groupe sont fondamentaux, car ils permettent une exploration plus ample des programmes involutifs.
L’action qui s’imposait alors à moi – dans le sens d’atteindre une plus grande cohérence dépassant la logique égotique – était de faire le saut : c’est-à-dire lâcher tous les anciens repères qui m’emprisonnent dans mes comportements SDS.
Le bourreau demande pardon, le jeu multidimensionnel se révèle
Un matin, lors de la rédaction de ce texte, j’eus une discussion avec Hélène dont l’orientation me perturba rapidement. J’avais déjà traversé des mémoires se rapportant au satanisme, à la programmation et à la possession, au travers desquelles j’avais contacté la jouissance du pouvoir et de faire souffrir l’autre. Mais de nouvelles mémoires émergèrent. Quand des situations se succèdent inopinément et que nous mettons bout à bout leurs significations, nous sommes parfois très surpris et déroutés par le miroir qui s’impose, par une autre voie que celle de notre raisonnement.
J’expliquais à Hélène que j’avais reçu un SMS d’une agence immobilière proposant des maisons à vendre à Saint-Rémy-l’Honoré, dans les Yvelines, village où j’avais vécu une trentaine d’années. Cela faisait 14 ans que je n’habitais plus le village et que je n’avais plus de lien avec la région. Il me parut donc intriguant que ce que je considérais comme une ligne temporelle évanouie me fasse un clin d’œil par le biais d’une agence nommée Arcade. Ce nom est une allusion à la région où j’habite maintenant, marquée par l’histoire des Cathares. Saint-Rémy-l’Honoré se situe à 7 km de Montfort-l’Amaury, le bastion de Simon de Montfort, le chef sanguinaire de la première croisade contre les Albigeois !
Hélène, attentive à ce que j’évoquais, ne tarda pas à me confirmer que des mémoires d’inquisiteur se révélaient : “Marie-Jeanne m’a expliqué par mail qu’elle venait de revivre des mémoires de l’oppression inquisitoriale ; au même moment, j’ai fait un rêve où je m’insurgeais contre l’Inquisition en projetant de faire subir à ses représentants les mêmes atrocités qu’ils avaient commises envers celles qu’ils appelaient les sorcières ! Ces indices nous indiquent que l’égrégore de l’Inquisition et des souffrances vécues lors de celle-ci est bien là et qu’il revient à chacun de sortir de son influence.”
Sand appuyait également sur la nécessité de me responsabiliser par rapport à l’influence de cette entité psychique et qu’elle devait également s’aligner vis-à-vis de moi, sinon disait-elle “c’est comme si nous retournions vivre au Bézu !”. Dans ce lieu, Sand, Jenaël et Hélène avaient revécu de puissantes mémoires de l’Inquisition envers les Cathares, les Templiers et les sorcières au travers de conflits avec les propriétaires des terres en contrebas du château du Bézu.
Puis nous nous rappelâmes que lors d’un échange filmé au Pays basque quelques jours auparavant, une phrase de Marie-Jeanne m’avait également mis la puce à
l’oreille : “Je trouve très courageux que David assume ses mémoires d’inquisiteur !”. Elle avait déjà senti et compris que je portais de telles mémoires. Mi-interloqué, mi-acquiesçant,
je constatais tout de même que les nombreuses indications se rejoignaient. Une émotion monta lorsque j’écoutais Hélène, mais les larmes s’arrêtèrent avant de sortir et ma gorge se noua.
Je ne savais que faire de ces informations. Je pris la route pour rendre visite aux chevaux et faire quelques courses dans la petite ville de Quillan. J’essayais de me concentrer sur ces
histoires d’Inquisition ; je pouvais peut-être ressentir quelque chose de plus… Ce fut sans succès ! Mais au fond j’avais confiance, et cela me permettait de me placer dans un état sans
jugement et d’entrevoir l’enjeu de tout ce qui m’était arrivé dernièrement. Je ressentais une force toute proche, celle qui m’avait épaulé lors de certains passages marquants de ma vie…
Après les courses, je décidai d’aller prendre un café et de m’asseoir à une terrasse en bord de rivière. Alors que je m’installais, un homme vint à la table voisine. Puis mon regard se porta sur le gros titre du journal posé sur sa table : “L’Église : pardon pour les cathares1”.
Michaël – tel était son prénom – m’annonça avec une fougue qui exprimait son contentement, que l’article racontait qu’un groupe de catholiques autour de l’évêque de Pamiers, invitait l’Église à demander pardon pour le massacre des Cathares. Le château figurant sur le journal était bien évidemment celui de Montségur.
Demander pardon à qui ? M’interrogeai-je tout d’abord. 800 ans après… Puis le deuxième degré de lecture m’apparaissant, laissa parler la synchronicité qui était criante. Force était de reconnaître que mon Soi supérieur, pour m’en faire prendre conscience, me désignait mon implication sur un autre plan dans cette vaste opération d’inquisition afin de m’en libérer.
Michaël se fit alors volubile et me confia avec ferveur que le temps de la vérité et du pardon était venu. Il affirma d’un ton de prédicateur : “Cela est inexorable, depuis toujours les uns et les autres se faisaient la guerre et se rejetaient. Maintenant la vérité obscurcie par ces conflits va éclater et le pardon avec ! C’est formidable de vivre enfin ce moment !”
Nous eûmes une longue discussion où surgirent de nombreux thèmes communs. Soudain, il revint sur l’histoire de l’inquisiteur que j’avais esquissé au début de l’échange et me lança : “Toi, tu es inquisiteur !”. Puis, sur mon insistance à connaître les raisons de ce qu’il avançait, il me dit : “Peu avant ton arrivée, j’ai eu l’information que j’allais rencontrer l’inquisiteur2 des persécutions dont parle l’article. Tu es là, et pour moi c’est tout simplement logique. Je vis en étant attentif aux informations au travers desquelles la vérité s’exprime ! Des preuves, il y en a toujours plus que nous n’en avons besoin, si nous nous ouvrons à cette dimension qui évolue derrière le voile des illusions !
J’ai accepté ce fait qui est au-delà du conflit bien/mal, j’ai appris à m’aimer avec tout ce que je représente au sein de l’expérience. Le fait de ne plus juger et de ne plus me juger, m’autorise à prendre part à la révélation qu’est chaque instant, sans retenue et de manière naturelle ! C’est un choix que je renouvelle sans cesse ; depuis, la notion de temps m’apparaît différemment.”
Bernard Gui présentant son ouvrage (Le Manuel de l’Inquisiteur) au Pape Jean XXII3
“Ok”, acquiesçai-je en moi-même, abasourdi par ce que j’apprenais à nouveau. Les informations étaient on ne peut plus claires, voire insistantes ! Cette mémoire était là, elle avait gonflé telle une bulle dans ma réalité et j’osais timidement la reconnaître. De prime abord, cette mémoire me sembla surgir de nulle part, mais à y regarder de plus près, j’observais que je pouvais associer ces indices extérieurs à mes comportements de domination et ma colère envers le féminin.
Ici me revenaient les mots d’Hélène, de Marie-Jeanne et de Sand, qui se confondaient avec ceux de Michaël lorsqu’il déclarait : “Je remercie la vertu de la Volonté, car sans elle nous ne pouvons rien faire !”.
Le petit lapin et la vieille armure rouillée
Ce n’est que cinq ans après les évènements que je vais décrire, que je fus capable de retirer un sens plus profond de ce qui se déroula alors. Dans les exemples en question, j’observais à quel point les facettes victime et bourreau “se tiennent la mainˮ et ont été très présentes dans ma vie. Cette récapitulation m’amena d’abord à me rappeler que mon véhicule de l’époque fut heurté six fois à intervalles réguliers, de sorte que de très bon état, il passa à l’état d’épave ! Les chocs répartis tout autour de la voiture avaient eu lieu sans que je sois dans le véhicule et sans en être témoin. M’interrogeant sur la signification de cette succession d’impacts, je compris en faisant le rapprochement avec mon fonctionnement émotionnel, que cela me renvoyait à une certaine attitude que j’adoptais face aux événements de la vie.
Je percevais ma grande sensibilité qui me poussait à me protéger d’un monde qu’une partie de moi voyait comme injuste, rude et violent. Je me préservais donc des coups et espérais devoir en donner le moins possible… J’optais inconsciemment – par rapport à l’agressivité que je voyais à l’extérieur et celle qui sommeillait en moi – pour la stratégie de l’absence et de l’armure, d’où le fait que ma voiture (l’armure) prenait les coups lorsque j’étais absent ! Des coups “venus de l’extérieur” commencèrent à bousculer le statu quo longuement acquis. Je compris alors qu’il était nécessaire de m’ouvrir à une approche moins frileuse de la réalité, ce qui favorisa sans aucun doute le déroulement des synchronicités en question.
L’armure de mon système de défense était tellement épaisse que dans un premier temps c’était effectivement mon véhicule qui prit les coups à ma place. Comprenant ce qui se tramait, je décidai de soigner ces blessures que je cachais derrière ma carapace, en même temps, j’entreprenais de réparer mon véhicule.
Les réparations que je fis en grande partie moi-même me prirent beaucoup de temps, mais je m’y attelais avec persévérance, convaincu de cette auto-thérapie et bien décidé à changer de façon de vivre. Ce qui était époustouflant, même avec le recul, c’est que le jour même où j’eus fini ces travaux, débuta dans mon corps une série impressionnante de maux divers qui allaient se succéder durant trois mois et demi. Mon Soi supérieur me sentant volontaire mit le paquet.
Je traversais les douleurs d’une sciatique aiguë, d’une rage de dent phénoménale, d’une grippe-rhume-bronchite écrasante qui me colla les paupières plusieurs jours, la fêlure d’une côte qui me priva de sommeil pendant plus de deux semaines, et j’en oublie je crois… Ah ça c’est sûr, il y en avait des résistances ! Il y avait tant d’énergie coincée sous le poids du déni, qu’il fallut un “incendieˮ, une inflammation profonde et vive pour faire fondre l’armure. Je notais le caractère parfait de ce processus : dès qu’une pathologie s’achevait une autre apparaissait. Aucun répit !
C’est à la fin de cette succession de maladies, que l’histoire du lapin survint. A et moi avions une relation de couple depuis peu, mais déjà riche en rebondissements ! Nous étions en route vers une jardinerie aux abords d’une ville importante. Quelque temps auparavant, elle avait fait un rêve dans lequel je l’avais violée, ce qui avait bouleversé notre relation. Ce rêve amenait les premiers indices pointant une mémoire de violeur sur laquelle par la suite appuieraient d’autres éléments.
Petit à petit, en fonction de mon parcours, de mes rencontres et de visites de lieux, des choses se réveillaient en moi concernant des évènements très désagréables, mais leur compréhension était encore bloquée par l’armure. Et plus j’en ignorais les signes qui ne cadraient pas avec l’image que j’avais de moi et à laquelle j’étais attaché, plus ma Supraconscience devait user de stratagèmes douloureux pour me les faire voir ! Difficile pour mon ego spirituel d’accepter ce bourreau, il m’aurait été plus facile d’accepter la mémoire d’un Cathare persécuté ou d’un preux chevalier… Au-delà de la mémoire d’inquisiteur, ne s’agirait-il pas avant tout d’accepter l’existence de mon juge intérieur qui a pour rôle, par son “juge-ment”, de m’empêcher de considérer tous les aspects de moi-même tels qu’ils sont ?
Ces remontées de mémoires, et leur non-intégration de part et d’autre, provoquèrent l’arrêt rapide de notre relation. J’étais en proie à l’incompréhension que suscitait la situation ainsi qu’à de vifs sentiments de rejet et d’injustice. Effectivement, l’attitude de A avait radicalement changé après son rêve, passant du jour au lendemain de l’attraction à la répulsion.
C’est dans ce contexte, à couteaux tirés et empreint de silence, que nous nous approchâmes de l’entrée de la jardinerie. Mon regard fut attiré par un détail anormal dans ce décor civilisé : là où habituellement se tenaient ceux qui mendient, se trouvait un petit lapin de garenne. Je constatai rapidement l’état pitoyable dans lequel il se trouvait. Il était littéralement infesté de puces et de tiques. Ça grouillait, ça sautait de partout. Les parasites profitant certainement d’un affaiblissement dû à une pathologie, allaient et venaient sur l’ensemble du corps, jusque dans les paupières, le nez et les oreilles. Lorsque je m’avançais près de lui, il ne fit aucun mouvement. J’avais l’impression qu’il était conscient mais accablé au plus haut point par l’attaque conjuguée de la maladie et des parasites. La vie le quittait irrémédiablement.
Il était clair que la seule chose que nous pouvions faire pour le lapin était de faciliter son départ pour l’autre monde. Pendant le trajet vers une clinique vétérinaire, celui-ci était entre mes jambes et rapidement, à ma grande surprise, une forte émotion commença à me submerger. J’essayais de la contenir, la jugeant peu virile, et espérant faire bonne figure à côté du cran dont faisait preuve A. Je me sentais gêné par le fait de montrer mes émotions que je considérais toujours comme une faiblesse. J’avais la sensation de me mettre en position d’infériorité et d’insécurité dans le contexte de conflit féminin/masculin que nous vivions.
Pourtant, l’émotion monta sans que je ne puisse rien y faire, alors sur le ton de l’excuse, je lui fis part de ce que je vivais. Elle déclara : “Il n’y a pas de soucis, moi j’assure et comme ça, toi tu peux lâcher tes émotions !”. La spontanéité et l’évidence de sa réponse m’encouragèrent. Je m’abandonnais complètement à ce qui me traversait avec une rare insouciance… Sur le moment je ne pouvais comprendre ce qui se passait : mon cerveau était hors circuit, je laissais simplement aller ce qui avait besoin de sortir. Les longs mois de souffrance épuisants qui avaient précédé, avaient préparé cette mise à nu. L’armure des peurs, secouée par le monde extérieur mettait à vif l’infinité de blessures qui se cachaient derrière elle, si bien que je ne fus plus qu’une énorme blessure !
Puis il y eut la piqûre fatale. Quand le vétérinaire fit la piqûre pour euthanasier le lapin, je revécus un sentiment d’impuissance et de fatalité, j’étais dans la peau d’une part qui se sentait complètement démunie, limitée par ses croyances et prisonnière de ses mémoires. Pourtant, de cette scène jaillit une force immense et résolue qui ouvrit mon cœur, qui m’ouvrit à l’accueil de mon propre désespoir. À ce moment-là, une partie de moi mourait, une autre renaissait. Pour moi, le lapin représente la vulnérabilité et l’enfant ; plus particulièrement le niveau de conscience dans lequel j’étais durant l’enfance. D’autant plus que c’est en sortant de cette période que mon programme “refoulement des émotions” fut actionné à 100 % par mimétisme, lors d’événements divers de ma vie. La rencontre avec le lapin me reconnecta aux émotions de mon enfance et me permit, par ce retour dans le passé, d’envisager de quitter ce cycle involutif…
Les parasites symbolisent les prédateurs. L’anéantissement du léporidé me renvoie à la prédation possédant totalement la conscience et le corps de l’individu. L’acceptation de mon impuissance face à la mort du lapin me permit de comprendre l’ampleur de la programmation.
Prendre conscience de cette situation m’a demandé de contacter une énorme souffrance. Et le système SDS a prévu de nombreux
programmes qui m’ordonnent de fuir la
souffrance. Cette étape fut initiatique. Elle fait partie des marches qui m’ont amené sur le chemin
du Service d’autrui et m’ont permis d’entamer une mutation profonde des schémas de
prédation.
Aujourd’hui associée à l’intégration de ma part féminine, cette étape me permet de mieux me connaître et de savoir que JE NE SUIS PAS mon prédateur. Finalement la polarité de la victime me soumettait autant aux stratégies de la prédation SDS que celle du bourreau, en m’empêchant justement de la voir. Aux prises avec ces deux parts, j’étais inévitablement victime du système SDS.
Ce lapin qui était passé de l’autre côté en ma présence, m’avait conduit au fond du terrier pour renouer avec ma capacité d’acceptation… mais l’heure tourne !
Un nouveau départ
Hélène :
Depuis que David avait vécu ses reconnexions inquisitoriales à Quillan, l’intégration était en cours… C’est alors qu’une série d’évènements porteurs d’informations fortement symboliques se produisit. Après mon séjour en Ardèche, j’eus finalement des nouvelles de Gollum : sa plaie s’était finalement aggravée avec des écoulements de pus très importants. Mais ma mère m’annonça que l’abcès venait d’être véritablement percé ! Le corps étranger était cette fois-ci bien sorti, et l’ânon était en train de recouvrer l’usage (qu’il n’avait jamais eu !) de sa quatrième patte ! Notre conscience jusqu’à lors handicapée était-elle en train de retrouver sa mobilité ?
Depuis quelques semaines, je m’étais décidée à me séparer de tous mes chevaux : sur ce nouveau chemin, il m’était simplement impossible de m’occuper de tout ce beau monde ! C’est ainsi que je me mis en route pour sortir de ces schémas de sacrifice pour “mes créatures”, que ma mère m’avait montrés en écran géant avec ses ânes. J’avais donc mis une annonce pour vendre Loukoum (née à la ferme de mes parents) qui, même si elle allait mieux, avait des difficultés à se déplacer, affectée par de l’arthrose. Je ne me faisais donc pas beaucoup d’illusions quant au nombre de personnes intéressées par une telle jument. Quant à David, il avait également mis une annonce pour sa jument Sambucca. Ces deux juments arabes étaient “cul et chemiseˮ et il m’était encore difficile de penser à leur séparation.
Nous attendions une personne qui venait voir Sambucca. Mais une fois dans le champ, elle choisit aussi de prendre Loukoum pour avoir deux juments poulinières pour son élevage de chevaux arabes d’endurance ! Tout à coup, elles étaient toutes deux parties pour de grandes pâtures et de nouveaux horizons ! Notre processus de détachement ne nous avait pas laissé imaginer un dénouement aussi rapide…
Le passé était en train de laisser place à un nouveau futur !
1. LA DÉPÊCHE, article “L’Eglise demande pardon pour le massacre des cathares”, 23/09/2016. https://www.ladepeche.fr/article/2016/09/23/2424817-l-eglise-demande-pardon-aux-cathares.html
2. Il s’agissait de Bernard Gui, réputé pour la sévérité de ses sentences, il fut nommé inquisiteur de Toulouse en 1308.
3. Image de Jean XXII bénissant Bernard Gui, évêque de Lodève issu de l’article Bernard Gui de Wikipédia en français, https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Gui#/media/Fichier:Jean_XXII_b%C3%A9nissant_Bernard_Gui.jpg
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