Chapitre 5, 3ème partie - Le piège brûlant et l'alchimie du couple

Le message du fourgon

Durant la phase finale d’écriture de ce texte, je sentais de nouveau l’emprise de l’émotionnel décrit dans la première partie : une pulsion intérieure qui me poussait à m’informer, à mettre par écrit mes compréhensions et les publier, se heurtait à la frustration de ne pouvoir le réaliser ensemble, car David était de nouveau pris par ses activités dans le monde extérieur. Néanmoins, l’emprise émotionnelle était bien moins forte qu’auparavant, puisque je savais que les évènements évolueraient en fonction de ma capacité à saisir le message et à en intégrer la leçon.

 

Pourtant le lendemain matin, le fourgon peinait de nouveau à démarrer, laissant échapper une épaisse fumée ! Cette problématique qui se répétait semblait insister sur nos difficultés à cheminer ensemble. Dans un premier temps, des sentiments de dévalorisation et d’incompréhension, liés à l’impression de ne pas être capable d’intégrer la leçon, me submergèrent. Ce fut par les pleurs que mon ego lâcha progressivement le contrôle. En acceptant ce mal-être, des compréhensions émergeaient.

 

le boîtier de préchauffage fut détecté, mais au lieu de faire ce que l’ordinateur lui dictait (changer la pièce), il vaporisa du “nettoyant contact” sur les cosses et le camion démarra à nouveau. Puis il nous expliqua plus spécifiquement que : “Bien souvent, sur les nouvelles générations de véhicules, comme c’est le cas pour le vôtre, la cosse mâle et la cosse femelle ne s’emboîtent plus aussi solidement qu’avant. Et lorsque survient un défaut de connexion, il n’est plus possible d’y remédier manuellement ; il faut carrément changer tout le boîtier de préchauffage. Donc vous avez eu de la chance que le “nettoyant contact” ait suffi à rétablir la connexion !”

 

Le problème de démarrage du véhicule symbolisait une entrave dans notre déplacement à deux sur notre chemin de vie. Cette anomalie persistait car il y avait un faux contact, une mauvaise connexion entre les pôles masculin et féminin, rendant impossible le démarrage d’un véritable travail commun. Dans notre petit deux-pièces, face à la fenêtre, je demandai de l’aide pour y voir plus clair. Au même moment, dans la rue, l’employé communal tentait de démarrer une débroussailleuse. Cela dura au moins 10 minutes pendant lesquelles il s’était acharné sur l’engin ; période entrecoupée de moments de bricolage et de jurons. J’appris par la suite que la débroussailleuse qui ne fonctionnait pas, venait elle aussi, de sortir de chez le réparateur ! J’avais sous le nez quelqu’un qui s’efforçait de faire démarrer quelque chose en y mettant toute son énergie, pour au final être épuisé et en colère. Le parallèle était évident car je reconnaissais parfaitement mon entêtement à vouloir, vouloir, vouloir à tout prix démarrer ! Et pour démarrer, je m’entêtais à “réparer” la connexion avec David !

 

C’est pour cette raison que pleurer fut, à ce moment-là, le seul moyen me permettant de calmer ce feu destructeur qui me brûlait de l’intérieur. La colère et la frustration ne faisaient effectivement que m’épuiser et nourrir tous mes démons ! Étant donné que nous sommes les habitants du même univers (du même œuf !), il était effectivement bien plus logique d’arrêter de forcer les choses, en acceptant qu’un rythme à deux puisse s’établir progressivement.

 

David rentra fatigué de sa journée active et quant à moi, je n’étais plus en colère. Nous pûmes enfin échanger nos prises de conscience. Concernant la signification des symboles placés sur notre chemin, celui qui nous interpellait le plus était “la chaleur”. Quel était donc le message qui se cachait derrière cette chaleur ? Pourquoi cette histoire de préchauffage ?

Le feu alchimique et ses horizons insoupçonnés

Nos lectures et recherches du moment nous offraient des pistes. Dans L’Onde, Laura Knight-Jadczyk aborde cette notion de chaleur avec les Cassiopéens, car une sensation éprouvante de combustion interne se manifestait parfois chez elle et d’autres participants au moment des transmissions :

 

Q : (V) Il y a plusieurs semaines, plusieurs d’entre nous ont commencé à souffrir de bouffées de chaleur internes, d’insomnie et d’autres maux. Qu’est-ce donc ?

 

[Les Cassiopéens] R : Image. Conjonction profonde de liaison fibreuse dans la structure de l’ADN. […]

[Laura] Q : (L) Lorsque vous dites “conjonction profonde de liaison fibreuse”, cela veut-il dire que nous sommes en train d’établir une liaison avec un corps de quatrième densité qui est en train de grandir, de se développer ?

[Les Cassiopéens] R : Lentement mais sûrement1. [Le soulignage est de mon fait.]

 

Puis, elle complète ces informations par un phénomène évoqué dans un ouvrage du Soufi Cheikh Ibn al’Arabi :

 

Lorsqu’un ange délivre un principe ou des connaissances au serviteur, l’esprit humain rencontre la forme imaginale et, par l’effet du donner-recevoir, qui sont deux lumières, la constitution s’excite et s’enflamme. […] Les humeurs du corps s’élèvent en vapeurs, phénomène causé par la compression subie par les natures lorsque deux esprits se rencontrent2.

[Le soulignage est de mon fait.]

 

Par ailleurs, il est intéressant de constater que la chaleur joue un rôle essentiel pour ne pas dire primordial dans le processus alchimique. En effet, dans l’Alchimie, l’Art Royal est l’initiation reliée au Feu. Cette initiation comporte trois phases principales : la calcination, la transmutation et la sublimation.

 

Lors de la première, la calcination, l’humain doit offrir son ego en sacrifice. Cette mort mystique peut être qualifiée de putréfaction, en référence à la graine qui doit se décomposer dans le sol afin de naître à une autre vie. Il est dit que durant cette phase, l’individu peut entendre la voix de son Soi supérieur lui disant qu’après la mort, c’est avec lui qu’il ressuscitera. Elle est la plus douloureuse de ces phases.

La deuxième étape de l’initiation reliée au Feu, la transmutation, s’accomplit en sortant indemne de la fournaise, de la fosse aux lions. Le lion a de tout temps représenté le Feu Cosmique Universel qui constitue lui-même l’essence de la vie de 3e densité. Lorsque l’homme commence à contrôler ce Feu, une force incandescente vit en lui et il se met à vivre une existence plus libre des lois qui le rattachaient jusqu’alors à la réalité de 3e densité.

Le lion d’or, avec une couronne ou des ailes déployées, signifie que le disciple est apte à passer au dernier degré de l’initiation reliée au feu, la sublimation, qui demande souvent plusieurs existences tellement cette phase est difficile à accomplir.

Elle est caractérisée par une transmutation complète de la personnalité s’incorporant alors à l’Esprit. L’individu vit dans une réalité tout autre et ne perçoit plus les choses sous l’angle humain mais sous l’angle de l’Esprit, de son Soi supérieur.


David face au lion d’Alet-les-Bains et à droite, une sculpture sur le socle du lion où les deux ailes, les deux étoiles et les deux mains qui se rejoignent, sont des indices remarquables

pour mettre en évidence l’aspect initiatique de la réunification des polarités.

Initiation qui nécessite la force du lion !

 

Présente lors des différentes étapes du procédé alchimique, la chaleur est donc le catalyseur d’un profond et intense processus intérieur. Elle est au cœur de toute transformation. Je constatais ainsi que la phase de calcination – offrir son ego en sacrifice – était pour moi très intense. Par sa fuite dans l’activité, David vécut lui aussi son expérience de calcination qu’il raconte :

 

Quelques jours avant le début de ce texte, je passais plusieurs heures sous les premiers rayons ardents du soleil printanier, pratiquant un écobuage ; je côtoyais donc le feu qui brûlait l’herbe sèche et recevais parallèlement celui de l’astre solaire. Le feu prit des proportions suffisantes pour que je sois enveloppé pendant un long moment par une chaleur intense. Pendant les heures qui suivirent la scène, je fus sujet à une sorte de “reset”, ne pouvant plus me rappeler le sens de ce que j’avais entrepris précédemment. Les connaissances que j’avais acquises récemment ou anciennement me paraissaient étrangères. Impossible de faire des liens entre les informations que j’observais se bousculer dans ma mémoire ; une “perte de connaissance” au sens littéral…

 

À cette occasion, je vécus dans une certaine mesure, une remise à zéro de ma façon de voir le monde. Cette expérience, à travers ce blackout, m’apporta son lot d’informations sur l’intrication des différents champs de la personnalité ; corps, psyché, conscience et esprit. Elle peut ainsi être considérée comme une allégorie du feu alchimique interne. Les intuitions et les synchronicités sont l’irruption du monde supraconscient dans notre champ de perception “localisé”. Les intuitions guident nos recherches qui nous permettent d’expliquer peu à peu les synchronicités vécues. De ces liens entre l’expérience et l’enquête intellectuelle, émergent de nouvelles informations qui orientent les expériences suivantes. Notre véhicule, qui est le point de départ de toute cette combustion cérébrale, émotionnelle et spirituelle, nous invite donc à aller plus loin…

 

Ainsi, bien que David et moi puissions parler de l’alchimie du couple, nous commencions tout juste à entamer ce processus. En effet, nos ego qui, chacun de leur côté, brûlaient sous le soleil de l’Initiation, généraient pour l’instant une chaleur par la combustion de l’ancien. C’est en poussant plus loin l’analogie entre nos expériences respectives de calcination et la réparation du fourgon que la réponse m’apparut évidente : seules la rencontre de nos polarités et la reconnexion entre les énergies patriarcale et matriarcale, fondées sur l’entretien d’une communication sincère et authentique, semblaient pouvoir générer une chaleur nouvelle nécessaire au redémarrage du véhicule sur notre chemin de vie.

 

Ce faux contact faisait donc partie de ma transformation. Celle qui consistait à brûler mes anciens programmes en me laissant traverser par l’énergie du faux con – ce faux féminin – qui avec “tact” me maintenait dans le contrôle, exigeant un changement de ma contrepartie masculine. Retourner à l’intérieur de moi-même, sans agir sur l’extérieur, fut donc très éprouvant. Mais grâce à cette expérience, je saisissais davantage ce que voulait dire “brûler de l’intérieur”. En pleine étape de calcination, je pus néanmoins avoir un avant-goût du travail que représentait la phase de transmutation : celle qui s’accomplit dans la fosse aux lions, et qui par la force du véritable féminin, me permet de stopper l’attaque en accueillant et transmutant l’émotion en énergie (e-motion). D’ailleurs, le lieu où nous sommes tous deux allés chercher ce fourgon est un clin d’œil assez significatif, puisqu’il s’agit de Belfort, ville connue comme étant la Cité du Lion !

 Imposante statue réalisée par le sculpteur alsacien Bartholdi, représentant un lion3 couché,

la patte posée sur une flèche qu'il vient d'arrêter.

 

Grâce à la lecture symbolique de ses dysfonctionnements, le fourgon nous invita donc à déjouer les tentatives de division entre nous pour remettre l’énergie en mouvement. Ayant revêtu la tenue du mécano multidimensionnel, nous pouvions commencer à œuvrer pour le rétablissement des connexions, qui depuis des millénaires étaient en court-circuit et faisaient des étincelles !

 

D’ailleurs, suite à ce processus, le garagiste nous restitua le camion : la connexion était bel et bien rétablie, et il démarrait au quart de tour !

 


 

 

1. Laura Knight-Jadczyk, L’Onde, Tome 1 – Portés par l’Onde, Éditions Pilule Rouge, 2017, pp. 437-438.

 

2. Laura Knight-Jadczyk, L’Onde, Tome 1 – Portés par l’Onde, Éditions Pilule Rouge, 2017, p. 329.

 

3. Article Lion Belfort de Wikimédia en français, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2014-09-15_16-14-55_lion-belfort.jpg

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Commentaires: 1
  • #1

    Céline (jeudi, 29 mars 2018 13:26)

    Je reste sans voix.... mais ça infuse en profondeur. Merci !